CineComedies Lab
2022

Pour la première fois, le CineComedies Lab prend (aussi) ses quartiers à Liège !

Benoît Mariage (Les Convoyeurs Attendent, L’Autre, Les Rayures du Zèbre…) parraine cette édition, entre Lille et Liège.

ANGIE & CIE de Vanessa Le Reste
CATARINA de Pierre Amstutz Roch
L’AMOUR A DUNKERQUE de Olivier Levallois
SOLO de Emma Degoutte et Tommy Weber
WAP DOO WAP de Théophile Jonglez

BENOÎT MARIAGE

Parrain du CineComedies Lab

Le scénariste et réalisateur belge Benoît Mariage était le parrain de la 4e édition du CineComedies Lab.

Benoît Mariage débute en tant que réalisateur pour Strip-Tease, le célèbre magazine de la RTBF. En parallèle, il produit et réalise de nombreux documentaires, principalement en Afrique. À 36 ans, il tourne sa première fiction, Le Signaleur, un court- métrage qui reçoit le Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes en 1997. Son premier long-métrage, Les Convoyeurs Attendent (1998), est sélectionné́ à la Quinzaine des Réalisateurs et primé dans de nombreux festivals internationaux. Suivent L’Autre (2003), Cow-Boy (2008) et Les Rayures du Zèbre (2013). Son dernier film, Habib, est sorti à l’automne 2022.

Comment perceviez-vous le CineComedies Lab avant d’y participer ?

Je le connaissais très peu. J’ai su qu’il me faudrait lire des synopsis longs et intervenir au début d’un atelier. Ce n’est pas simple : à l’Institut des Arts de l’Audiovisuel (IAD), je donne des ateliers d’un mois et demi, où les participants se côtoient tous les jours. Dans le cadre de la résidence du CineComedies Lab, en revanche, 5 candidats attendaient mon avis sur leurs synopsis : je devais rentrer dans l’intimité de leurs projets, être sincère et encourager l’énergie positive. Je les ai tous retrouvés à Liège, où ils devaient pitcher devant des producteurs.

La comédie est très particulière. En tant que spectateur, on peut aimer un genre et un peu moins un autre, les goûts de mon voisin ne seront pas nécessairement les miens. Et pourtant, la comédie doit faire rire, sans quoi la sanction est immédiate, à l’inverse des non-comédies, auxquelles on accorde plus volontiers le bénéfice du doute. Il est important, pour l’auteur, d’avoir confiance dans le rire qu’il va tenter de provoquer. Il doit être convaincu, un peu comme on l’est quand on raconte une blague.

Le CineComedies Lab, c’est utile ?

Oui ! J’ai rencontré les auteurs au début de la résidence, je les ai revus à la fin. Entre les deux, ils avaient été soutenus et accompagnés par Fadette Drouard. À Liège, je leur ai trouvé une énergie revigorante et positive. Une des difficultés de l’écriture, c’est la solitude, ce côté un peu déprimant d’être seul face à son ordinateur sans pouvoir partager. Avec le CineComedies Lab, les auteurs peuvent interagir pendant le travail, vivre dans une intimité de potes. Je les ai sentis heureux de cette expérience, et je ne doute pas qu’à l’avenir, ils s’appuieront les uns sur les autres pour d’autres projets. Je suis curieux de voir, dans un an, lesquels auront avancé sur le chemin de la production.

Quelques conseils pour ceux qui voudraient se lancer dans l’écriture d’un scénario de comédie ?

Allez—y ! Ça paraît idiot, mais il faut oser se lancer. Lire beaucoup de scénarios, regarder des comédies. Regarder un film qu’on aime, dont on se sent proche, une première fois. Puis le regarder à nouveau, deux ou trois fois, pour comprendre ce qui fonctionne, pourquoi on l’aime, pourquoi on rit, en saisir l’ADN. Aiguiser sa capacité d’observation et observer la vie, aussi : on n’est jamais aussi bon que quand on raconte ce qui se passe autour de soi.

Ensuite, commencer par un court-métrage. Trouver quelqu’un qui le lise, pour ne pas être seul. Et, une fois qu’on est satisfait de son travail, trouver un producteur. Ce n’est pas simple, mais c’est un acte de foi. Un peu comme la première fois qu’on monte sur grand plongeoir, à la piscine…

YANN MARCHET

Directeur du Festival CineComedies

Yann Marchet a (notamment) co-fondé le Festival CineComedies de Lille avec Jérémie Imbert, en 2018.

« Dès la première édition, nous avons eu envie de mettre en avant les différents talents de la comédie. Les oubliés, les grands noms, les petites pépites », rappelle-t-il. « Comme nous voulions aussi être aux prises avec le présent, nous avons ajouté quelques avant-premières. Restait l’avenir : dès 2019, nous avons imaginé une résidence d’écriture pour les talents de demain. Un écrin et du temps où les auteurs pourraient créer leur projet. Un moment pour partager, aussi. Une bonne comédie est plus facile à rater qu’un drame : il fallait mettre toutes les chances de leur côté. »

Comment le CineComedies Lab est-il arrivé à Liège ?

Après les Rencontres professionnelles de 2021, auxquelles a participé Fadette Drouard, notre directrice d’écriture, Philippe Reynaert a excellé dans son activité de matchmaker en nous faisant rencontrer les Fab Four du FIFCL. Ils ont rapidement marqué leur accord pour nous aider à donner au CineComedies Lab une envergure européenne… en commençant par la Belgique, pour travailler avec des gens qui parlent la même langue que nous ! Il y a en plus, en Belgique, une tradition d’humour, à la fois fort, particulier et singulier. Ce qui est étrange, c’est que la Belgique produit plus de drames que de comédies, et que ses humoristes viennent travailler en France…

Que retenez-vous de cette première collaboration ? Qu’espérez-vous des suivantes ?

Cette première expérience nous a permis d’ajouter une brique à la résidence d’écriture : nous sommes passés de 2 séances à 3, la troisième et dernière consistant, pour les participants, à pitcher devant des producteurs lors du FIFCL, après avoir passé 3 jours à Liège. Les projets ont gagné en maturité : certains avaient tant avancé que c’est à peine si je les ai reconnus. C’est une expérience vraiment enrichissante, que nous voulons poursuivre et conforter avant de l’ouvrir à d’autres pays francophones. Nous comptions un Suisse parmi nos candidats, cette année !

Nous sommes ravis de travailler avec l’équipe du FIFCL, nous avons envie de pousser le développement un peu plus loin. Créer des cartes blanches peut-être, accueillir Liège à Lille ? Nous allons voir ensemble comment améliorer la résidence à court et moyen termes, et puis nous créerons des ponts…

Quels vont être les enjeux majeurs pour le cinéma de comédie dans les années à venir ?

Ce qui fait une bonne comédie, c’est d’abord la qualité de l’histoire, et la capacité à surprendre, à être singulier pour se démarquer. Elle doit être bien écrite, aussi, pour sublimer le jeu des acteurs. Le problème de la plupart des scénarios, c’est qu’ils ne sont pas assez aboutis, faute de temps. D’audace aussi, parfois. Le propre de la comédie, c’est d’être un genre transgressif, qui va à l’encontre du politiquement correct. Et cela semble plus difficile en ce moment : les artistes s’auto-censurent, au lieu d’être libres dans leur langage et de contrer un certain type de pensée de manière drôle et légère.

Et dans les salles ?

Je suis persuadé qu’une comédie se regarde à plusieurs. Ce n’est pas un art individuel, c’est un moment de partage. La comédie est donc un moyen d’attirer à nouveau le public dans les salles. Rire ensemble est le leitmotiv de notre festival. Une scène comique n’aura pas le même impact selon si on la voit seul dans son salon ou dans une salle remplie de spectateurs.

VANESSA LE RESTE

Lauréate – Angie & Cie

Vanessa Le Reste commence sa carrière comme scripte (continuité) pour plusieurs longs métrages et séries TV.

Sur les conseils de cinéastes comme Alain Resnais et Pascal Bonitzer, elle se concentre ensuite sur l’écriture. Elle est également réalisatrice et productrice.

Comment, pourquoi, vous êtes-vous tournée vers le CineComedies Lab ?

J’avais un projet, développé en série, qui plaisait beaucoup mais n’aboutissait pas, comme s’il lui manquait quelque chose. Je n’avais plus beaucoup de recul quand j’ai découvert l’annonce du Lab. J’ai pensé « et si j’en faisait un long-métrage, ou un unitaire ? ». Je l’ai réécrit, je l’ai envoyé, et j’ai été sélectionnée.

Comment s’est passée la résidence ?

Comme un gros coup d’accélérateur créatif ! Alors que je travaillais sur une autre série par ailleurs, cette parenthèse m’a aidée à me recentrer sur Angie & Cie, à voir quels étaient les manques et les qualités de mon projet. Fadette Drouard et Benoît Mariage ont remis les choses à plat, donné leur sentiment et partagé leur expertise. Le Lab m’a permis de donner une forme réelle à ce projet. Je viens du cinéma d’auteur, je me sentais un peu seule et désemparée face à ce que je refusais de voir comme une « rom com ». Cette résidence revenait à me dire « si tu le fais, fais-le à fond ». Je l’ai fait, je me suis beaucoup amusée et j’ai constaté que, contrairement à ce que je pensais, tous les auteurs de comédies ne sont pas de grands dépressifs : les 4 garçons avec qui j’ai partagé cette résidence étaient très drôles, issus d’univers et de styles très différents. Nous avons beaucoup échangé : la résidence consiste aussi à lire les projets des autres, à leur donner un retour constructif.

La semaine en Belgique, au moment du FIFCL, a également été très productive : quand l’objectif est de pitcher devant des professionnels, on se concentre sur l’essentiel, on réduit, on simplifie. Et l’oralité permet d’exprimer d’autres choses, d’aller plus vite que l’écriture, face aux représentants de grosses maisons. Et puis, nous avons été magnifiquement accueillis !

Et après ?

Puisque je travaillais sur un autre projet en même temps, je n’ai pas pu tout envoyer juste après le FIFCL, mais Angie & Cie est parti chez différents producteurs rencontrés à Liège. J’ai profité de mon deuxième projet, présenté à Paris, pour continuer à parler de lui, puisque je maîtrisais bien le pitch ! Ce qui serait génial, c’est qu’Angie & Cie soit visionné lors d’une prochaine édition du FIFCL : ce serait une belle façon de boucler la boucle !

OLIVIER LEVALLOIS

Lauréat – L’amour à Dunkerque

Formateur, scénariste, script doctor, Olivier Levallois a étudié au Conservatoire Européen d’Ecriture Audiovisuelle de Paris.

Il travaille pour différentes maisons de production de cinéma et de télévision et enseigne, depuis 10 ans, la caractérisation, l’écriture de comédie et le script doctoring.

Comment, pourquoi, vous êtes-vous tourné vers le CineComedies Lab ?

À force d’enseigner, j’ai questionné et fortifié les outils de la comédie jusqu’à vouloir être un peu moins formateur, et un peu plus scénariste. Il y a peu de propositions, en France, qui s’adressent spécifiquement à la comédie, avec la qualité du Lab. Lequel n’est pas juste une résidence : il crée d’autres liens, d’autres choses, d’autres dynamiques… Il était, en plus, associé au Festival International du Film de Comédie de Liège, cette année ! J’ai postulé.

Comment s’est passée la résidence ?

La base d’une résidence, c’est d’offrir du temps, pendant lequel vous pouvez vous consacrer entièrement à l’écriture. Ça, déjà, c’est précieux. Moi, j’ai passé des heures à réfléchir sans être dérangé, dans un lieu patrimonial, teinté de l’histoire des mineurs et propice à la création.

Dans un premier temps, nous avons un peu tous travaillé en solitaires, chacun dans son coin, même si nos regards croisés sur les textes étaient intéressants. Les retours de Fadette Drouard étaient très importants, notamment en ce qui concerne les personnages : elle a une approche très particulière, elle est très exigeante à leur sujet. Quant à Benoît Mariage, qui a passé une journée entière avec nous, il s’est montré hyper impliqué, très juste dans ses critiques sans être trop gentil, sans sacrifier non plus l’intention derrière le projet. Nous avons eu beaucoup de chance.

Et après ?

Liège a été la semaine la plus intéressante de la résidence, à plusieurs égards. Huit heures par jour à travailler nos pitches autant que ceux des autres, ça renforce le lien. Partager le même sentiment de peur, de risque, aussi. Le Festival lui-même offrait une parenthèse bienvenue.

J’ai rencontré là-bas 6 ou 7 personnes intéressées par « L’amour à Dunkerque », dont 2 très enthousiastes. Il semblerait que oui, mon scénario soit sur les rails…

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