Leçon
de comédie

Le saviez-vous ? L’envie de faire rire au cinéma est aussi vieille que le cinéma lui-même ! La preuve par 8.

 

1895

Le 28 décembre 1895, les frères Lumière organisent la première projection publique payante de l’histoire du cinéma. Parmi la douzaine de films présentés, « L’Arroseur arrosé » est le plus apprécié… À la suite de cette projection, l’expression « arroseur arrosé » entre même dans le langage courant. Elle désigne, aujourd’hui encore, celui qui commet une action qui se retourne contre lui.

1920

Dès les premiers films muets donc, les réalisateurs utilisent l’humour et la satire pour divertir le public. La tradition comique française commence vraiment avec Sacha Guitry et Fernandel ; dès les années 30, les films développent un humour basé sur des dialogues mordants et prononcés à vive allure. La comédie évolue avec les goûts du public, et certains auteurs émergent, jusqu’à représenter une branche de la comédie à eux seuls.

Les années 1920 et 1930 représentent aussi l’âge d’or de la comédie hollywoodienne : des stars comme Charlie Chaplin, Buster Keaton et Laurel et Hardy règnent sur le genre. Visuels par défaut, leurs films utilisent des gags physiques et des situations loufoques pour faire rire le public.

1940

La comédie continue à prospérer, avec l’émergence de nouveaux talents comme Cary Grant, Katharine Hepburn et les Marx Brothers. Plus sophistiqués, les films de comédie mêlent humour verbal et situations comiques élaborées.

1950

Le premier long métrage de Jacques Tati, « Jour de fête », connaît un grand succès public en France et reçoit le Grand Prix du cinéma français en 1950.

1960

Les comédies se font très familiales, soutenues par les premières grandes stars du genre : Fernandel encore, mais aussi Bourvil, de Funès ou Galabru… Des acteurs inégalés, dont les films figurent parmi les plus grands classiques du cinéma hexagonal.

Mai 68 change la donne : les comédies se font plus engagées, pour dénoncer les travers de la société, dans la lignée de ce que les Américains Charlie Chaplin ou les Marx Brothers faisaient bien plus tôt. Les films de Jean-Pierre Mocky, Pierre Richard, Michel Audiard… font de la comédie un exutoire, où les cinéastes se lâchent et où le politiquement incorrect apparait.

La comédie connaît aussi l’avènement d’un humour plus irrévérencieux et provocateur. Des films comme “The Graduate”, “MASH” et “Monty Python and the Holy Grail” repoussent les limites de ce qui peut être traité avec humour au cinéma.

1980

La crise pétrolière et le Sida ouvrent une ère plus cynique. Avec la bande du Splendid, l’humour se fait acide, parfois noir, des « Bronzés » au « Père Noël est une ordure ». La télévision devient le principal producteur du cinéma, ce qui, petit à petit, ramène les films vers des sujets plus politiquement corrects, comme  « Trois hommes et un couffin », « Les Ripoux » ou bien encore « L’inspecteur la bavure », avec Coluche.

Arrivent aussi différents sous-genres, de la comédie romantique à la comédie noire en passant par la comédie d’action. Des réalisateurs comme Woody Allen, Mel Brooks et les Frères Farrelly apportent leur propre vision de la comédie au grand écran.

1990 – 2000

On découvre « Les Visiteurs », avec Jean Réno et Christian Clavier, ou bien encore « Le Dîner de cons » avec Jacques Villeret. Mais il faudra vraiment attendre l’an 2000 pour que  des voix nouvelles se fassent entendre dans la comédie française : Michel Hazanavicius et Jean Dujardin réinventent le pastiche avec « OSS 117 », Toledano et Nakache font plusieurs très bons films jusqu’à l’incomparable « Intouchables », et Dany Boon connaît un incroyable succès avec « Bienvenue chez les Ch’tis »… Au 21e siècle, la comédie continue ainsi d’évoluer, se faisant tour à tour chorale, indépendante ou centrée sur des thèmes spécifiques, comme la paternité, la politique ou la culture populaire.

Aujourd’hui

La liste est longue des films qui nous font rire à en avoir mal aux zygomatiques, de quoi prouver que la comédie se réinvente au fil du temps, et n’est pas près de s’arrêter !

Italia mia

Genre porteur des années bénies du cinéma transalpin, la comédie italienne influence toujours le cinéma comico-satirique. Son âge d’or est incarné par des réalisateurs tels que Mario Monicelli, Dino Risi, Ettore Scola et des acteurs comme Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Alberto Sordi, Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni, Catherine Spaak, Monica Vitti ou Claudia Cardinale.

C’est le seul genre cinématographique à pouvoir être comparé, pour sa richesse, sa fidélité à certaines lignes de force et son enracinement dans une tradition nationale, aux grands genres du cinéma américain, comme le western ou la comédie musicale.

Mario Monicelli, réalisateur du célèbre film comique I soliti ignoti (Le Pigeon) a écrit : « Quoi qu’en pensent certains critiques peu enclins au rire et méconnaissant le rôle de la satire et de l’hilarité, la comédie italienne a eu un grand retentissement dans l’histoire des mœurs italiennes, je ne crois pas qu’il y ait eu au monde un cinéma comique qui ait eu cette ténacité pour combattre les fléaux sociaux. »