Comités de sélection

Qui sont les femmes et les hommes derrière la sélection des films en compétition ? Composés de personnalités issues d’horizons et d’expériences variés, les comités de sélection portent un regard riche et pluriel sur les œuvres proposées au festival.

Rencontres avec Bénédicte Philippon, Anaël Snoek et Nicolas Ceuppens, pour les courts-métrages, et Constant Carbonnelle, Adrien François et Manuel Houssais, pour les longs.

Bénédicte
Philippon

Diplômée du Conservatoire Royal de Bruxelles, elle semble être partout : sur les planches, au cinéma, dans des téléfilms et dans des sketches qu’elle écrit avec talent. C’est avec « Music Hole » de Gaëtan Liekens et David Mutzenmacher, primé en 2019, qu’elle a découvert le FIFCL. Elle ne l’a plus vraiment quitté depuis…

Qu’est-ce que la comédie, pour vous ?

La comédie, c’est d’abord un don. Les gens qui l’ont n’en ont pas toujours conscience, ils le découvrent dans leur parcours. Ce n’est pas quelque chose qui s’apprend ; on peut en acquérir les bases, pour améliorer une technique, mais c’est véritablement un don, et une passion : ceux qui le possèdent sont souvent amateurs du genre.

Il me semble que cela doit faire des siècles que, chaque année, les gens disent qu’ils ont vraiment besoin de rire. C’est peut-être même quelque chose que l’on disait déjà au Moyen Âge, même si on ne rit plus forcément de la même façon. Je pense cependant que, tant qu’il y a du second degré, on peut rire de tout. On risque plus vite d’être attaqué depuis l’émergence des réseaux sociaux -je me demande comment Rabbi Jacob serait accueilli aujourd’hui… Mais peu de réalisateurs se mettent cette barrière, et c’est heureux ! Parce que le rire est essentiel. Je connais un réalisateur de comédie qui affirme qu’il ne fait pas ce métier pour aller mieux, mais pour aller moins mal. Et il est vrai que les gens les plus drôles sont souvent sujets à la dépression, donc ils ont besoin de rire, et de faire rire. Et, ce faisant, ils aident aussi les autres à aller mieux. Le rire soigne !

Qu’attendez-vous de la programmation du Festival ?

J’attends de nouvelles rencontres, de nouveaux talents, de nouveaux univers ! Chaque année, on découvre au moins une perle, on s’interroge : « Qu’est-ce que c’est que cet OVNI ? C’est génial ! ». Je souhaite donc, pour l’Édition 2025, des OVNIs compris et appréciés du plus grand nombre. On croise au Festival des gens connus, avec une carrière incroyable, et puis des moins connus, qui débutent. Et le Festival crée des liens entre ces gens, tout en mettant en avant le cinéma belge. Parce qu’il y a des talents, chez nous ! La France s’en empare généralement, mais le Festival les révèle, heureusement ! Ils s’en vont, mais ils reviennent régulièrement. Le FIFCL est (aussi) là pour ça.

© Bertrand Noël / FIFCL

© Bertrand Noël / FIFCL

Constant
Carbonnelle

Passionné de théâtre et de cinéma, Constant commence par des études en langues modernes avant de suivre le Cours Florent à Paris et à Bruxelles. Après avoir multiplié les petits métiers liés au théâtre, il se lance dans le cinéma en tant que blogueur, puis devient critique de cinéma en 2018 pour L’Avenir. Il rejoint plusieurs unions professionnelles et participe à des jurys de festivals en Belgique et à l’étranger, notamment au 76e Festival de Cannes. Après avoir été juré pour le FIFCL à deux reprises, il rejoint le Comité de Sélection du festival en 2023.

Qu’est-ce que la comédie, pour vous ?

Quand on entend le mot « comédie », évidemment, on pense à rire, à sourire, à un film qui rend heureux. Pourtant, je pense que son spectre est bien plus large. La comédie est sans doute le genre cinématographique qui se marie le mieux avec les autres : voilà pourquoi on trouve des comédies sentimentales, dramatiques, horrifiques, sociales, absurdes, d’aventure. Les films d’animation eux-mêmes contiennent souvent une part de comédie.

Je dirais surtout que la comédie rassemble les gens, dans une humeur positive et collective. Son esprit fédérateur me semble essentiel, aujourd’hui plus que jamais.

Qu’attendez-vous de la programmation du Festival ?

Le Festival a démontré, au fil des éditions, la qualité de sa programmation, éclectique et exigeante, en rassemblant des films, courts et longs, issus de pays et de genres différents. J’espère que cette édition-ci poursuivra sur cette voie pour toucher le plus de gens possible, qu’elle proposera des œuvres intelligentes, porteuses d’un message fort et universel, mais aussi plus légères, de celles qui vous font sortir de la salle avec un sentiment de joie. J’attends aussi, des films de comédie, qu’ils permettent d’inculquer des valeurs fortes, d’aborder des sujets sensibles, de bouleverser le public, avec humour. J’ai envie d’un Festival qui rassemble toutes ces émotions-là.

Manuel
Houssais

Manuel Houssais a accompagné les auditeurs de Radio France pendant plus de 30 ans. Passionné de cinéma dès son plus jeune âge, il a également fréquenté de nombreux festivals en France et en Navarre. « Compagnon du FIFCL depuis ses débuts », il excelle dans l’animation des plateaux télé et des rencontres avec le public. En 2023, il rejoint le Comité de Sélection du Festival. En 2022, il a été nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par Roselyne Bachelot, ministre de la Culture.

Qu’est-ce que la comédie, pour vous ?

La comédie, c’est un genre qui évoque d’emblée le registre de l’humour. Et, effectivement, son but premier est de faire rire, ou sourire. Mais quand on se penche davantage sur le genre, on s’aperçoit que son spectre est beaucoup plus large. Et quand on s’efforce, comme le FIFCL, de le couvrir entièrement, on découvre que la comédie italienne est souvent dramatique, les larmes ne sont jamais loin, alors que la comédie américaine, par exemple, sait faire la part belle aux road movies, doux-amers symboles d’une quête, d’un cheminement. On y retrouve aussi parfois un aspect burlesque, très visuel, chez Blake Edwards notamment, dans la tradition des comédies françaises de Tati. Le FIFCL, ouvert sur le monde, nous enseigne que ramener la comédie à l’humour, seulement, est un peu réducteur.

Qu’attendez-vous de la programmation du Festival ?

Ce que j’aime au FIFCL, et ce que j’attends, c’est avant tout la possibilité de rencontres, au moment précis où tout se cristallise : pendant quelques jours d’une grande intensité, les professionnels du secteur côtoient les spectateurs qui découvrent leurs œuvres. On vit des soirées, des émissions, des photocalls, des conférences de presse, dans une grande effervescence.

J’espère que cette édition 2025 sera un rendez-vous incontournable pour la rentrée du cinéma belge, avec ses invités, ses avant-premières, ses prix et ses surprises. Il a acquis toutes les vertus d’un grand festival aux yeux des professionnels, mais il n’a jamais manqué de rester tel qu’il est : un événement à taille humaine, où les contacts restent spontanés et informels. Il a grandi sans perdre ces ingrédients-là, si précieux, grâce au quatuor qui le dirige et aux équipes formidables de bénévoles qui préservent sa flamme.

Aujourd’hui, dans le petit monde du 7e art, le savoir-faire liégeois en matière d’accueil chaleureux fait florès : ceux qui sont déjà venus reviennent, vous savez, et ceux qui n’ont pas encore pu y aller sont ravis d’être invités, après en avoir entendu parler. Ils savent déjà qu’ils en garderont un souvenir inoubliable.

© Christophe Toffolo

© Martin Godefroid

Nicolas
Ceuppens

Nicolas Ceuppens est un réalisateur belge, notamment connu pour réaliser les émissions de la populaire émission télévisée de la RTBF, Le Grand Cactus, un programme de divertissement présenté par Adrien Devyver et Jérôme de Warzée.

Qu’est-ce que la comédie, pour vous ?

La comédie, c’est l’art de dévoiler les absurdités de la vie avec un sourire en coin. C’est jouer avec les mots, les situations et les attentes pour provoquer le rire, mais aussi, parfois, pour faire réfléchir.
La comédie est un miroir déformant qui grossit nos travers, nos contradictions et nos petites lâchetés pour mieux les exposer sans cruauté. C’est aussi une manière élégante et percutante de dire des vérités parfois inconfortables.
À travers le comique de mots, de gestes ou de situations, elle joue avec nos attentes, les détourne, les explose, révélant ainsi l’ironie de l’existence. J’aime l’humour sous de nombreuses formes, mais pour vraiment me toucher, la bonne comédie ne doit pas se contenter de faire rire ; elle doit aussi explorer les profondeurs de l’âme humaine.
Sous le masque de l’humour, elle glisse souvent des vérités dérangeantes, des critiques sociales ou des réflexions amères sur nos illusions. La comédie possède ce pouvoir unique de faire avaler l’amertume avec le sucre du rire. Et pour moi… c’est surtout la meilleure des thérapies.

Qu’attendez-vous de la programmation du Festival ?

J’ai hâte de découvrir cette cuvée 2025 et j’espère avant tout voir des films qui sauront me surprendre et me faire vraiment rire. Pas seulement des blagues faciles, mais des situations drôles avec ce petit quelque chose en plus. Qu’ils soient absurdes, noirs ou ironiques, l’essentiel est qu’ils racontent quelque chose et parviennent à me déstabiliser. J’attends de me laisser happer par les univers des différents réalisateurs, d’être plongé sans résistance dans leurs histoires et leurs atmosphères, et de voyager là où ils veulent m’emmener, sans savoir à l’avance ce qui m’attend, et surtout sans deviner le gag qui va suivre.

Anaël
Snoek

Anaël Snoek est une actrice, coach d’acteurs et directrice de casting belge, travaillant en Belgique, en France et en Espagne. Son rôle dans Les Garçons sauvages lui a valu une nomination aux Magritte 2019. On l’a aussi vue au cinéma dans Son épouse (2014), Bonne Pomme (2017), Adoration (2019), Arthur Rambo (2021) et Inexorable (2021), ainsi qu’à la télévision dans Septième Ciel Belgique (2007) et Baraki (2021). Dans l’ombre, elle s’est également occupée du casting de Le Nouveau (2015), Keeper (2015) et Even Lovers Get The Blues (2016), et a été coach sur Le Fantôme de Canterville (2016) et Mon Ange (2016). En 2024, elle faisait partie du jury des courts métrages, présidé par Sarah Stern, au FIFCL, et rejoint le comité de sélection pour la 10ᵉ édition du festival.

Qu’est-ce que la comédie, pour vous ?

Pour moi, la comédie, c’est désarmer, l’air de rien. C’est prendre du recul, faire un pas de côté pour observer la vie sous un autre angle. C’est révéler notre infinie maladresse et nous rappeler à quel point certaines choses qui nous semblent essentielles sont, en réalité, absurdes. Et peut-être, au passage, nous rendre un peu moins prétentieux et un peu moins idiots.

Qu’attendez-vous de la programmation du Festival ?

Qu’elle explore de nouveaux points de vue, ouvre de nouveaux chemins. Et surtout, qu’elle accorde aux œuvres de comédie cette reconnaissance et cette légitimité trop souvent refusées par les festivals dits « sérieux ».

© Saul Abraham

© Bertrand Noël / FIFCL

Adrien
François

Il a dirigé Michel Galabru, Daniel Prévost, Bruno Solo, Armelle, Jean-Pierre Castaldi, Jonas Bloquet, Isabelle de Hertogh ou encore Sébastien Cauet dans différents courts-métrages. Il a réuni Benoît Poelvoorde, Karin Viard, Gérard Lanvin, Carole Bouquet, Lambert Wilson, Gérard Darmon, Valérie Lemercier, Dany Boon, Nathalie Baye, Franck Dubosc, Jean-Claude Van Damme, Josiane Balasko, André Dussollier, Christian Clavier, Michèle Laroque et Thierry Lhermitte, notamment, au fil des éditions du Festival International du Film de Comédie de Liège, dont il est le délégué général. Adrien François parle cinéma, dort cinéma, vit cinéma, et juge un film « sur la qualité des émotions qu’il provoque ».

Qu’est-ce que la comédie, pour vous ?

Une comédie, c’est un film dont les gens attendent qu’il les fasse rire. Or, parce que nous façonnons le FIFCL à notre image, on ne trouve pas chez nous que des comédies pures : on vient y chercher des rires, oui, mais aussi des larmes, des frissons, des émotions ! Le cinéma doit offrir un moment figé, hors du temps, au cours duquel on ne pense ni à ses soucis, ni à son téléphone. C’est quand on est en totale immersion qu’on sait qu’un film est réussi !

En même temps, l’expérience du FIFCL nous montre que ne rit pas de la même façon, ou des mêmes choses, d’un continent à l’autre. Pour cette raison, le rire est peut-être le genre le plus difficile à exporter, en plus d’être le plus difficile à réaliser. Mais c’est jouissif pour nous, de montrer des films que nos spectateurs ne verront sans doute jamais ailleurs. De s’intéresser à l’Autre, à d’autres cultures, en partageant des moments de cinéma.

Qu’attendez-vous de la programmation du Festival ?

La programmation du Festival se développe de manière croissante, et entraîne son lot d’exigence. C’est pour cela que nous avons un comité de sélection de plus en plus affirmé, de plus en plus compétent. Nous voulons que la programmation reflète ce que nous répétons depuis des années : qu’elle propose des comédies dramatiques, familiales, sociales, romantiques, musicales, horrifiques… Le FIFCL attire de plus en plus de candidatures. Les réalisateurs reviennent, d’année en année, et nous permettent d’ouvrir une fenêtre sur le monde par la programmation, les moments d’échanges, les espaces pro… Nous retenons le meilleur du cinéma de comédie et nous le proposons aux festivaliers. À eux d’en retirer ce dont ils ont besoin.