Entre vous et le cinéma, c’est une histoire qui dure depuis longtemps. Ils étaient comment vos premiers rendez-vous avec la toile ?
Cela dure depuis longtemps et, en même temps, cela a démarré un petit peu tard par rapport à d’autres personnes. J’ai été élevé dans un milieu assez religieux, protestant, nous n’allions pas au cinéma avec mes parents. Le seul film que j’avais vu avec eux c’était « Les Dix Commandements », ils trouvaient que c’était édifiant. C’est en secondaires qu’un copain m’a emmené au cinéma. Nous sommes allés voir un film de Fellini, « Huit et Demi ». J’ai pris une grosse claque, parce que tout à coup j’ai découvert que le cinéma était tout autre chose qu’un divertissement pour les jours de vacances. J’ai versé ensuite dans l’excès inverse, commencé à aller voir tout ce qui bougeait, en salle, au ciné-club, etc. Depuis, cela ne m’a plus quitté.
Vous êtes un créatif, votre carrière n’a de cesse de le prouver. Quelle place tient votre univers cinématographique dans votre imaginaire ?
Ah! C’est énorme. J’ai l’impression quand je m’endors le soir, je rêve en cinémascope (rires). Il m’arrive souvent quelque chose d’assez étonnant. Si le film que j’ai vu est bien, après quelques jours… Je ne suis plus certain du fait d’avoir vu un film ou bien d’avoir réellement rencontré ces gens. J’ai déjà croisé Woody Allen ou Charlie Chaplin au coin de la rue. On mélange un peu. Alors évidemment, comme pendant des années j’ai été journaliste, j’ai vraiment rencontré Woody Allen… donc cela s’explique aussi, docteur. (rires)
Un repas avec vous, cela se transforme parfois en joute de répliques cultes ?
Cela m’arrive évidemment, je ne peux pas m’en empêcher. Ma réplique préférée vient d’un vieux western qui s’appelait « L’homme qui tua Liberty Valance ». À la fin, un journaliste doit écrire un article, mais il ne sait pas s’il doit s’en tenir à la vérité ou bien raconter le mythe qui s’est forgé autour du personnage principal. On lui dit : « Si la légende est plus belle que la vérité, imprime la légende ».
« Cinéma » et « industrie » sont des mots qui peuvent résonner d’une drôle de manière à l’oreille du grand public. Souvent, ils sont mal interprétés, ou simplement mal compris. Pourtant, dans vos oreilles, la mélodie est différente…
Pendant des années, j’étais un peu comme tout le monde. Je voyais les films comme des œuvres d’art, un peu sorties de nulle part. Par la suite, j’ai évolué sur ce point : il y a 20 ans, à la demande de la Région wallonne, j’ai créé un fonds d’investissement qui s’appelle Wallimage. Il est là pour soutenir la créativité dans notre région. Je me suis rendu compte que l’on ne faisait pas de film s’il n’y avait pas de caméras, de bancs de montage, d’effets spéciaux… Il y a, effectivement, toute une industrie derrière ces rêves éveillés ! C’est une industrie du rêve, mais c’est une industrie quand même. Si elle n’est pas solide, il n’y a pas de cinéma.
Une implication envers les nouveaux projets que vous illustrez également depuis les débuts du FIFCL…
J’ai été ravi de voir Adrien et sa bande (parce que c’est réellement de cela qu’il s’agit : un gang !) débarquer sur la ville avec l’idée d’un festival de comédie. Je leur ai tout de suite emboîté le pas, parce que c’est un genre qui n’est pas assez pratiqué chez nous. On a plutôt la réputation de faire des films d’auteurs. Sans critiquer le genre, que j’affectionne par ailleurs, mais je me suis dit : « Ils font un festival de comédie, il faut soutenir ! ».